Les dérives sectaires

                        Présentation de la planche intitulée  «Mat et échec»: illusion dangereuse pour les uns, réalité lucrative pour d’autres

               La réflexion passionnante et salutaire que suscite le thème complexe des dérives sectaires a permis une collaboration créative entre Sandra Champagne-Ilas  et  Phil Entropy.

Les dessins de Phil

 C’est l’issue d’un combat sur plateau en sonnant le glas de la pièce clé : Le roi est mort ! Normalement, le vainqueur du jeu et son adversaire restent bons joueurs. La vie continue avec ses règles rassurantes. Une balance aux plateaux bien équilibrés. Mais hors échiquier, c’est une tout autre partie qui se joue. Un jeu sérieux. Le simili roi devenu vrai gourou ne meurt pas, son aura ne meurt jamais : il est polymorphe, transmet ses obsessions seigneuriales à sa descendance de roitelets, voire se régénère comme des insectes conquérants hideux. Ce roi devient la cheville ouvrière d’une organisation nouvelle à géométrie complexe gouvernée de main de maître, et interdite par la loi des hommes. Une organisation marginale, une secte parmi une myriade d’autres sectes. Cette secte peut prendre différents visages. Sa mue est nécessaire pour mieux ramper sous votre peau fragile et vous démanger. 

 Ce nouvel élu, sorti de l’échiquier pour avoir une vue d’ensemble sur ses pions humains, doit naturellement posséder un charisme hors-norme et se faire connaître en ventilant des publicités. La façade est toujours prometteuse. Elle aurait pu être incarnée par les traits apostoliques d’une star mondialement connue avec un sourire carnassier comme un filet de pêche. En effet, après vous avoir appâté, la communauté sectaire finit par vous broyer comme une vulgaire poupée de chiffon privée d’estomac.


        

       Une secte consolatrice n’existe pas, c’est un leurre.  Pour asseoir totalement la manipulation et mieux asservir les éléments du groupe, un acte décisif doit être accompli. Un acte forcément violent. Votre raison et votre beauté singulières sont scalpées, votre moi originel est mis KO, bref, vous êtes mat. Vous croyez avoir tout gagné, vous avez tout perdu. Lui a gagné. Il gagne toujours, le plus souvent. Même votre entourage n’a pu vous sauver.

    Échec d’une vie, échec de soi à soi, un Alpha et un Oméga réduits à néant. Vous n’êtes plus qu’un Epsilon, un mot vide. Une vie pour rien, une vie inversée, un déni qui coûtent cher. Mat et échec.  

        La réflexion objective sur les dérives sectaires est ici exprimées grâce aux dessins de Phil Entropy. À ces dessins se sont ajoutés les mots de Sandra Champagne-Ilas. La case finale montre que plus le pion-humain s’achemine vers la dernière rangée, plus il donne des bouts de lui au gourou insatiable. Et il finit par tout céder : son corps, son âme, son compte bancaire, sa famille, sa moitié, ses amis, sa dignité, ses rêves, et son bateau, resté arrimé au quai déserté par les hommes.



        La conclusion de cette planche ? Contrairement au jeu inoffensif des échecs, arrivé à la dernière rangée, le pion-humain ne peut aller à dame. Il est damné, il disparaît du monde. Il est hors-jeu. Peu importe sa couleur, le pion est toujours perdant. Il n’y a qu’un seul vainqueur.

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